Signes non pour être complet, non pour conjuguer / mais pour être fidèle à son ‘transitoire’ / Signes pour retrouver le don des langues / la sienne au moins, que, sinon soi, qui la parlera ? H.M.

29 octobre 2007

Vers le roman III

Une phrase. Je l'ai tournée dans tous les sens. Rien n'y fait. Il y a trois "o" dedans. Trois "o", c'est trop. Il y a "mot", le mot. Et deux prénoms qui finissent par "o". Je dois sacrifier un "o", au moins un.
Je devrais remplacer "mot". C'est logique. "Mot" n'est qu'un mot. Tandis que les prénoms sont des prénoms: ils charrient. Les noms communs peuvent aussi charrier, mais c'est différent. On peut les délester, les déplacer. Pas les prénoms. Les prénoms sont des personnages. Si on les déplace, tout se déplace avec eux.
J'essaie encore.
Mais non. J'ai besoin de "mot". C'est de lui que j'ai besoin. Alors les prénoms... Les prénoms, logiquement intouchables, je me mets à les considérer, à les reconsidérer.
C'est absurde. Incontestablement. Ce prénom, celui-ci, je pourrais le changer. C'est vrai. Je pourrais. Mais je vais devoir le changer partout. Et ça va changer mon personnage. On ne porte pas impunément son nom. Et les parages du nouveau nom, leur modelé, leur allant, vont changer aussi. Telle phrase n'ira plus. Telle autre s'affaissera.
Peut-être. Ce n'est pas sûr. Pour être sûr, il faudrait essayer. Choisir un prénom, le voir à l'oeuvre.
J'essaie. C'est long.
Finalement, c'est vrai, les contours ont changé. Le personnage et l'air qu'on y respire ne sont plus tout à fait les mêmes. On respire encore, néanmoins. Tout est encore debout.
Soit. Je reviens à la phrase, la phrase avec "mot", le mot. Je peux le garder maintenant. Le nouveau prénom finit par "a".
C'est parfait.
Il n'y a plus que deux "o". Et pas d'autre "o" dans les parages immédiats.
Oui, mais...
Il y a ces "a"...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

il y aurait aussi la possibilité d'imaginer dire, d'écrire explicitement, que le "o" du mot "mot" est le "o" générique porté par le tout aussi générique mot "mot" et que ce "o", avec son "mot", deux abstractions, le langage peut-être, voyagent de prénom en prénom, d'une singularité à l'autre, et les dilatent...

ce serait alors assonance prise dans un accord...

non?
mais bon...