Signes non pour être complet, non pour conjuguer / mais pour être fidèle à son ‘transitoire’ / Signes pour retrouver le don des langues / la sienne au moins, que, sinon soi, qui la parlera ? H.M.

18 mai 2008

Ce jeudi les passeurs de mots

liront des extraits de mon roman (toujours en cours d'écriture).

En l'espèce, Giorgio Brasey, Gaëlle Graf et Marie-Aude Guignard nous attendent ce jeudi 22 mai dès 20h30 au café-théâtre Le Pois Chiche, avenue de Morges 119 à Lausanne (entrée par le Café de l'Ouest).

"Le fleuve n’était pas impétueux comme les jours derniers. Son lit s’était amenuisé. Des îlots de sable et de pierraille s’étaient formés. Rocco vit des femmes, sur la rive, qui gesticulaient. Elles faisaient des signes aux enfants qui revenaient de Sulleria, de l’école. Ils coupaient par le fleuve. Pas besoin d’aller jusqu’au pont. Elles leur indiquaient quel îlot emprunter pour traverser. Certaines mères, inquiètes, les avaient rejoints et elles revenaient vers Granì, de l’eau jusqu’aux cuisses, portant un enfant sur leurs épaules.
Les enfants qui n’étaient attendus par personne sautillaient au hasard, se lançaient des cailloux. Un groupe s’était détaché et, plutôt que de monter au village, s’était dirigé au pied de la colline, vers l’ancienne église. Rocco les remarqua.
Il ne voyait pas l’église depuis le chemin. Mais il la connaissait et il savait ce que les enfants allaient chercher là-bas : les ossicini, les petits os des enfants avortés. Les petits os des morts qui n’avaient pas été baptisés. On les avait retrouvés dans les murs, tout au fond des orifices dont ils étaient parsemés."

3 commentaires:

Anonyme a dit…

This is great info to know.

PhilRahmy a dit…

this was a great day to live

PhilRahmy a dit…

"Le fleuve n'était pas impétueux...", ça tombe à pic, excuse d'instrumentaliser un brin cette note, mais je suis justement à barboter dans une rivière, en me répétant ta leçon de natation: il faut de l'humour, l'humour est la fleur de l'écriture. Bref, j'essaie!

"J’aimerais, dès à présent, consigner deux épisodes très tristes que je ne risque pas d’oublier, tant ils symbolisent ce que je suis en train d’essayer de faire, mais que je ne dois pas différer, au risque de provoquer des remous, comme quelqu’un qui marcherait à contre-courant à travers un torrent et qui se laisserait griser par l’effort de tenir debout, soutenu par la joie prospective de partager son exploit. Sans rire, j’éprouverais alors plus que de la joie, mais du délire, tant personne n’a encore vu un paralytique défier un fleuve, ou, soyons réalistes, traverser seul un ruisseau, par une belle journée de mai."