Signes non pour être complet, non pour conjuguer / mais pour être fidèle à son ‘transitoire’ / Signes pour retrouver le don des langues / la sienne au moins, que, sinon soi, qui la parlera ? H.M.

07 décembre 2007

Antonioni

J’ai vu récemment plusieurs films d’Antonioni. Ce qui m’a frappé, c’est la récurrence de paysages entre deux eaux.

Un canal, un pont, des gens qui travaillent et puis personne.
La tribune vide d’un hippodrome ou d’un vélodrome, un chemin de halage, rendez-vous d’anciens amants.

Un village, une usine.
Une villa cossue, une jeune femme en sort, au loin des barres.
Un château, des chevaux, des immeubles au travers de la forêt.

En Sicile, un village fantôme, des courbes modernes. Rusticité, géométrie.

Ça me frappe, parce que j’étudie cela. Prestige intellectuel de l’ambivalence.

Ça n’a rien à voir: une interview du maître, il dit «vous n’imaginez pas comme elle est médiévale», il entend la société, là-bas, les attardés, cent hommes reluquant une actrice.
Dans L’Avventura, je reconnais la gare. J’imagine: le maître tourne la scène. Au même instant, à cinq cents mètres à vol d’oiseau, les paysans.
Parce que les attardés, ça se passe dans une ville. Alors, les paysans, on n’imagine même pas…

À l’origine de mon projet, tout ce qui sépare les représentants de trois générations. Et là, déjà, entre Antonioni et les grands-parents, trois, quatre ans de différence – mais des années-lumière.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

on sort d'une phase Fassbinder et je vois déjà un point de convergence:... toujours la présence, dans un coin, d'une villa cossue...

Anonyme a dit…

Grâce à toi, je suis aussi allée à la Cinémathèque. Deux fois: Il Grido e La Notte. Je dois avouer que, les deux fois, j'ai reconnu cette appréhension particulière, celle qui me saisit aussi lorsque je me rends à une expo. C'est que je connais les issues possibles: soit je serai contente, soit j'aurai manqué le coche et ressortirai toute engourdie (au ciné, c'est pire, je m'endore carrément). Cette fois, j'ai été contente.
Il Grido
Vi ho riconosciuto la nebbia padana. Ma perché mai dico "riconosciuto"? Io, quella nebbia, a dire il vero, la conosco a mala pena per esserci passata andando dalla nonna, in macchina, a fianco al mio tanto amato papà, mentre lui mi racconta, mi racconta.
Eppure, l'ho riconosciuta. Come ho riconosciuto anche un particolar modo rozzo che hanno quegli umani di starsi vicini e magari anche di volersi bene. Una rozzezza che si abbina alla nebbia, all'umido che si intrufola nei muri delle case, all'odore di brodo che galleggia nelle cucine, ai golfini di lana che le donne si stringono addosso.
Ripeto, io queste cose le conosco a malapena. Oggi, le pareti dell'appartamento della nonna sono state risanate, la stufa troneggia e riscalda l'intero casolare. Solo in bagno è rimasto un freddo persistente, che ti si infiltra sotto la pelle, nelle ossa. Solo nella povera corte di ghiaia, con le scale arrugginite e i fiori di plastica sui davanzali, riesco ad immaginare mio padre bambino, con le braghe corte d'inverno, che andava ad aiutare il panettiere all'alba o a lavorare alla macellera famigliare.
Io, questo mondo non lo conosco, ma lo riconosco tramite la mediazione dei racconti, quelli di mio papà intrisi di altre parole, altre immagini. Questo mondo lo amo e l'amore è figlio del mito.
La Notte
Ah, La Notte! Tutta un'altra cosa! Ah, l'irresistibile chic di Mastroianni, con la cravatta stretta e la giacca tagliata alla perfezione. Ah, l'eleganza poetica di Monica vitti, con quell'abitino nero a bretelle che si muove e segue con scioltezza ogni suo gesto. Ah, il fascino di una lunga serata al ritmo languido del jazz, del bianco e nero e del fumo. La seduzione di anime erranti, prigioniere di una lunga noia, dolce come il labbro di Jeanne Moreau, e di un profondo e filosofico smarrimento...

Amore mio, devo scappare, altrimenti qui, da una breve "échappée belle", mi perdo l'intera mattinata.

Che bello questo sprazzo di parole con te.

Sylvie