Signes non pour être complet, non pour conjuguer / mais pour être fidèle à son ‘transitoire’ / Signes pour retrouver le don des langues / la sienne au moins, que, sinon soi, qui la parlera ? H.M.

06 avril 2007

Ceux qu'on écoute

Premiers jours de grand vent. Je l'entends qui siffle dans les persiennes. Le scirocco, le vent du désert. C'est bien lui. Je perçois beaucoup mieux la cloche de l’église du bas que celle de l'église du haut, pourtant moins éloignée (il souffle du sud-est). Et j’ai mal à la tête.
J’ai acheté des palmes tressées et suis descendu pour la bénédiction. J’ai reconnu la statue du Saint dans le chœur. L’église est rose, un peu plus petite que celle d'en haut. Charpente restaurée. Poutres et lambris. Face à la porte latérale, sous verre, la statue de la Madone de Lourdes. Je la reconnais aussi. Ils sont allés la chercher en ville en 1919 et l’ont transportée sur leurs épaules. Il y a une cinquantaine d’enfants dans l’allée centrale, alignés deux par deux. Le prêtre fait un aller-retour dans la nef pour bénir les palmes et les rameaux d’oliviers. Tous les bras sont levés. On remonte le village en procession et c’est la messe. Après, je vais manger chez mon grand-oncle.
Je suis allé au bar prendre un café et lire le journal.
Celui qu’on appelle «u mùtu», le muet, m’a offert le café et s’est assis à ma table, sous la véranda plastifiée qui remue. Il a plus de 80 ans, mais en paraît 65. De temps en temps, il pointe un article du doigt. À la rubrique sportive, il montre tous les résultats des matchs de foot. Un type arrive, un retraité sans doute. Sur le nez, d’énormes lunettes jaunes orange Valentino. Tout de suite, il parle de l’ouverture d’un nouveau petit marché, au bout du village. Il s’étonne du nombre de visiteurs, le jour de l’inauguration, et des voitures, toutes ces voitures parquées devant et jusque vers le cimetière. Il en déduit que le patron doit être quelqu’un de «sintùtu», quelqu’un qu’on écoute... Sinon, pourquoi se seraient-ils déplacés? C’est la seule explication. Il s’interroge sur son identité. Des clients émettent un avis. En tout cas, il n’est pas du village.
Dans La Repubblica, Orazio La Rocca fait le point sur la béatification de Jean-Paul II. On cherche des miracles. Une sœur française a été guérie de la maladie de parkinson grâce à son intercession. Au-dessous de l’article, un encart: à Reggio Calabria, peu après l’entrée dans une église de la dépouille du médecin qui s’est jeté sous un train après avoir tranché la gorge de son fils, la statue de la Madone a pleuré. Il y a de nombreux témoins. Sur le même sujet, trois pages dans La Gazzetta del Sud. On y appelle à la prudence.
Cela me rappelle qu’ici même, il y a deux ou trois ans, près du fleuve, un Saint est apparu sur un mandarinier. Illico, l’arbre devient un lieu de pèlerinage. Bougies, figurines, objets divers.
Pour mon grand-père, c’est clair comme de l’eau de roche: le prêtre s’est mis d’accord avec le propriétaire du verger.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

une fois que les deux s'étaient mis d'accord, restait plus qu'à décider la Vierge...
:)